Naissances qui se racontent avant d’exister, la grossesse nerveuse bouleverse les certitudes d’un couple en plein projet de mariage ou de parentalité, avec des symptômes si convaincants que médecins et proches hésitent parfois. Rares mais chargés d’émotions, ces épisodes interrogent le désir d’enfant, la pression sociale et la solidité du lien amoureux, repérer les signaux c’est déjà protéger la relation.
Grossesse nerveuse, comprendre le phénomène
Définition brève et chiffres clés
La grossesse nerveuse, encore appelée pseudocyesis ou grossesse fantôme, se manifeste lorsqu’une femme est persuadée d’être enceinte alors qu’aucun embryon n’est présent. Les signes physiques imitent une grossesse authentique : ventre qui s’arrondit, aménorrhée et parfois nausées. Le phénomène reste rare, estimé entre 1 et 6 cas pour 22 000 grossesses. L’âge médian observé tourne autour de 33 ans. Dans près de 98 % des situations, l’absence de règles est signalée, et 45 % des patientes décrivent des « mouvements fœtaux » fantômes. Les analyses sanguines montrent un taux de bêta-HCG constamment négatif et l’échographie révèle un utérus vide, éléments qui posent le diagnostic.
Différence entre grossesse nerveuse et déni de grossesse
Ces deux réalités psychiques sont souvent confondues, alors qu’elles s’opposent presque miroir :
- Grossesse nerveuse : la patiente croit être enceinte alors qu’elle ne l’est pas. Les hormones de grossesse sont absentes, mais le corps réagit sous l’effet d’un bouleversement psychique et parfois hormonal (hausse de prolactine, dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophysaire).
- Déni de grossesse : la femme est réellement enceinte, mais elle n’en a pas conscience, ou refuse de l’admettre. Le test bêta-HCG est positif, l’échographie montre le fœtus, mais la perception de la grossesse reste occultée.
Sur le plan clinique, un test sanguin ou urinaire suffit souvent à trancher : négatif dans la grossesse nerveuse, positif dans le déni. Psychologiquement, la première reflète le décès symbolique d’un désir intense d’enfant, tandis que la seconde traduit un refoulement massif d’une réalité pourtant tangible. Comprendre la nuance aide le couple et les soignants à proposer un accompagnement adapté.
Symptômes grossesse nerveuse, repérer les premiers signaux
Signes physiques fréquents
Les symptômes corporels miment ceux d’une grossesse classique, d’où la confusion fréquente. Les observations rapportées par les équipes de Qare et d’IVI montrent qu’environ 98 % des patientes connaissent une aménorrhée, souvent le premier motif de consultation. S’y ajoutent régulièrement une tension mammaire, des nausées matinales, un ventre qui se distend et parfois une prise de poids modérée. Dans 45 % des cas, les femmes décrivent même la sensation de mouvements fœtaux. D’autres signes, moins constants mais documentés, complètent le tableau : fatigue marquée, légères contractions, élévation de la prolactine responsable d’un début de lactation ou de petits écoulements lactés.
Manifestations psychologiques et émotionnelles
La grossesse nerveuse reste avant tout un phénomène psychosomatique. Les cliniciens notent une ambivalence émotionnelle : exaltation d’être « enfin enceinte » puis angoisse d’une éventuelle perte du bébé imaginaire. S’y greffent des pics d’anxiété, une irritabilité, des pleurs faciles et des troubles du sommeil. Les patientes se montrent souvent hypervigilantes à la moindre sensation abdominale, convaincues de sentir leur enfant bouger. D’autres présentent un tableau dépressif ou un repli social lorsque l’entourage exprime des doutes. Cette charge psychique peut fragiliser la relation de couple, d’où l’intérêt d’un dépistage précoce.
Signaux trompeurs à ne pas négliger
Certains indices doivent alerter car ils détonnent avec le scénario d’une grossesse « classique » :
- Test urinaire ou sanguin HCG négatif malgré des symptômes très évocateurs.
- Échographie montrant un utérus vide alors que la femme ressent des « coups » ou perçoit son ventre grossir.
- Règles irrégulières plutôt qu’une absence totale de saignements.
- Douleurs abdominales fluctuantes mais sans évolution obstétricale.
- Sautes d’humeur extrêmes dès l’annonce d’un résultat de grossesse contradictoire.
Négliger ces signaux retarde l’accès à un accompagnement adapté et accroît le risque de tensions conjugales ou de récidive. Un dialogue ouvert avec un professionnel de santé reste la voie la plus sûre pour faire la part des choses entre grossesse réelle et grossesse fantôme.
Causes de la grossesse nerveuse, facteurs hormonaux et psychiques
Rôle des déséquilibres hormonaux
Le corps réagit au stress émotionnel comme à un signal biologique. Chez certaines femmes, cette pression soutenue provoque une hyper-prolactinémie. La prolactine, hormone de l’allaitement, freine l’ovulation et entraîne un arrêt des règles, un gonflement des seins ou même une montée de lait. Des taux anormaux de LH et une perturbation du couple hypothalamus–hypophyse complètent souvent le tableau, imitant les premiers cycles d’une grossesse. Le test sanguin HCG reste négatif, mais la cascade hormonale suffit à déclencher nausées, prise de poids ou “coups” ressentis dans le bas-ventre. Ce désordre endocrinien n’est pas permanent : il disparaît quand la pression psychique retombe ou après un accompagnement thérapeutique.
Poids du désir d’enfant et du stress familial
Dans plus d’un dossier sur deux, les cliniciens décrivent un désir de maternité intense : attente prolongée, parcours de PMA épuisant, fausse couche récente ou âge perçu comme “limite”. Cette obsession tourne parfois à la pensée unique, amplifiée par les réseaux sociaux où l’annonce d’une grossesse devient un marqueur de réussite affective. À la maison, la question “Alors, c’est pour quand ?” revient comme un refrain. Pression du couple lui-même, regard des parents, parfois ultimatum d’un partenaire inquiet de “rater le coche” : la charge mentale grimpe, le corps répond.
Ce stress chronique active le cortisol, hormone de vigilance, qui dérègle à son tour la production d’œstrogènes et de progestérone. Le cycle se brouille, les règles s’espacent, et chaque retard alimente l’espoir puis la conviction d’être enceinte. Le cercle se ferme, rendant la rupture d’autant plus douloureuse si aucun professionnel n’intervient.
Facteurs socioculturels et violences conjugales
Le phénomène ne se limite pas à l’intime. Dans certaines cultures, la maternité conditionne le statut social de la femme. À chaque grande fête familiale, l’absence de ventre arrondi s’expose au regard collectif. Cette injonction peut pousser la psyché à “fabriquer” la grossesse, mécanisme inconscient de protection contre l’exclusion.
Les dossiers médicaux citent aussi les violences conjugales. Lorsque la grossesse devient un moyen d’obtenir une trêve ou de retenir un partenaire, le corps intègre cette stratégie défensive. Coups, menaces ou pressions économiques créent un climat d’insécurité prolongée, propice aux troubles psychosomatiques. Les soignants parlent alors de “fonction refuge” : la grossesse fantôme offre, dans l’imaginaire, la promesse de sécurité et d’attention.
Enfin, l’accès à l’information médicale, le niveau d’éducation et la place des femmes dans la société influencent le repérage et la prise en charge. Plus l’isolement est fort, plus le risque d’épisode long et récidivant augmente, d’où l’intérêt crucial du dépistage précoce en consultation ou lors d’ateliers autour de la parentalité.
Diagnostic, confirmer ou exclure la grossesse
Tests HCG et échographie, gold standard
Le duo gagnant reste le même partout dans le monde : un dosage sanguin de la beta-HCG et une échographie endovaginale. Les patientes vivant une grossesse nerveuse affichent systématiquement un taux d’HCG nul ou inférieur au seuil de détection, bien en dessous des valeurs observées dès la deuxième semaine de gestation. C’est la première alerte pour le médecin.
L’échographie, réalisée dans la foulée, apporte la preuve visuelle : un utérus vide, sans sac gestationnel ni activité cardiaque. Associée au test sanguin, elle écarte formellement une grossesse évolutive ou extra-utérine. Cette confirmation rapide limite les examens inutiles, rassure le couple et oriente rapidement vers un accompagnement psychologique plutôt que vers un suivi obstétrical classique.
Erreurs courantes du diagnostic maison
Les autotests urinaires achetés en pharmacie ne suffisent pas toujours à convaincre une personne persuadée d’être enceinte. Premier piège : les faire trop tôt dans le cycle ou avec des urines trop diluées, puis interpréter la bandelette comme « faiblement positive ». Deuxième erreur : confondre l’absence de règle, les nausées ou les douleurs mammaires induites par le stress avec des signes certifiés de grossesse.
Autre source d’anxiété : les applications mobiles qui promettent un « score de grossesse » à partir de symptômes saisis à la volée. Sans validation médicale, elles alimentent les ruminations et peuvent retarder la consultation. Enfin, certains couples s’appuient sur le calendrier des rapports ou sur la température basale pour conclure trop vite. Seul un prélèvement sanguin en laboratoire et une échographie réalisée par un professionnel permettent d’exclure ou de confirmer la grossesse, et d’ouvrir, si besoin, le dialogue thérapeutique autour de la grossesse nerveuse.
Impact de la grossesse nerveuse sur le couple
Incompréhensions fréquentes entre partenaires
Quand les premiers signes de grossesse nerveuse apparaissent, le couple se retrouve souvent face à deux réalités parallèles. La femme éprouve des sensations physiques bien réelles, alors que les examens restent négatifs. Le partenaire, lui, oscille entre inquiétude et scepticisme. Ce décalage nourrit la méfiance : un tiers des conjoints interrogés par des psychologues hospitaliers reconnaissent avoir cru, au moins une fois, à une « mise en scène ». Sans accompagnement, un couple sur deux glisse vers la dispute récurrente ou le silence tendu selon les données croisées de Mustela et Autourdebebe. Les proches, parfois, jettent de l’huile sur le feu en minimisant la détresse ou en conseillant d’« attendre que ça passe ». Chaque interaction devient alors un terrain miné : la moindre remarque sur le corps, les règles ou l’âge réveille culpabilité et sentiment d’injustice des deux côtés.
Le partenaire masculin ou féminin peut lui aussi développer des symptômes, digestifs ou anxieux, proches d’une couvade. Ce mimétisme, souvent méconnu, accroît la confusion : qui doit être soutenu ? qui doit soutenir ? Tant que le diagnostic médical n’est pas posé, chacun élabore ses propres hypothèses. La communication se résume souvent à des échanges factuels sur les tests, laissant les émotions en jachère.
Retentissement sexuel et projet parental
La sexualité paie rapidement le prix de la tension. Entre la peur de « casser » un espoir de grossesse et la honte d’un ventre qui ne contient pas d’embryon, le désir chute. Des sages-femmes libérales rapportent que 60 % des couples limitent ou suspendent les rapports pendant l’épisode, par précaution ou faute d’envie. L’acte lui-même peut devenir source de rappel traumatique : le moindre spasme utérin ou nausée est interprété comme un symptôme supplémentaire, alimentant le cercle anxieux.
Le projet parental se brouille. Certains décident de repousser toute tentative de conception de peur de revivre le choc. D’autres, au contraire, accélèrent les démarches de consultation en fertilité, convaincus qu’un suivi médical intensif évitera un nouvel épisode. Dans les deux cas, la temporalité initiale du couple est bousculée : calendrier de mariage, achat d’un logement, choix professionnels. La grossesse nerveuse, bien que fictive sur le plan biologique, s’impose comme un événement majeur aux répercussions concrètes sur l’intimité et les trajectoires de vie.
Soutenir sa partenaire, guide pratique pour le conjoint
Attitudes aidantes, écouter sans juger
Un épisode de grossesse nerveuse bouleverse les repères, la personne concernée oscille entre certitude et doute. Le premier réflexe du partenaire consiste à créer un espace sûr. Laisser la place aux émotions sans chercher à corriger immédiatement ce qui est dit, éviter les phrases définitives du type : « Tu te fais des idées » ou « Ça va passer ». À la place, poser des questions ouvertes, reformuler ce qui vient d’être confié, remercier pour cette confiance. Cet « écoute active » réduit la sensation d’isolement et diminue la tension dans le couple.
Une posture non jugeante s’appuie aussi sur une communication transparente. Exprimer ses propres sentiments, parfois l’impuissance ou la peur, en utilisant le « je » plutôt que le « tu » limite les reproches. Enfin, reconnaître la réalité physique des symptômes, même si les examens sont négatifs, évite le piège du déni. Le message précieux : « Je te crois et je reste à tes côtés ».
Gestes quotidiens pour apaiser l’anxiété
Le soutien se joue dans les petits riens. Voici un mémo facile à appliquer :
- Programmer un rendez-vous médical ensemble et s’y rendre à deux, main dans la main, pour montrer l’engagement commun.
- Installer un rituel détente, vingt minutes de marche, un bain tiède ou une séance de respiration guidée avant le coucher. Ces routines régulières régulent la production de cortisol.
- Alléger la charge mentale : prendre en charge les courses, préparer le dîner, gérer les messages familiaux qui tournent autour du bébé et du mariage.
- Filtrer les réseaux sociaux où abondent tests d’ovulation et annonces de grossesse. Proposer une « pause notifications » et remplacer le défilement par une activité choisie à deux : playlist douce, série comique, album photo du couple.
- Féliciter chaque petit progrès, qu’il s’agisse d’une nuit mieux dormie ou d’un rendez-vous thérapeute honoré. Le renforcement positif nourrit l’estime de soi mise à mal.
Quand solliciter une aide extérieure
Certaines situations réclament un relais professionnel pour préserver l’équilibre du couple. Si l’anxiété devient incontrôlable, si des pensées intrusives surgissent la nuit, ou si la conviction d’être enceinte persiste malgré plusieurs examens, un entretien avec un psychologue clinicien ou une sage-femme formée à la santé mentale périnatale s’impose. Des thérapies brèves comme la TCC ont montré leur efficacité pour 7 femmes sur 10 selon les revues cliniques citées plus haut.
Un repère facile : dès que le quotidien se rétrécit (absentéisme, retrait social, baisse marquée de la libido) ou que la communication tourne au conflit, prendre rendez-vous sans attendre. Les numéros verts spécialisés fertilité ou violences intrafamiliales offrent un premier accueil anonyme. Pour le conjoint, participer à quelques séances de thérapie systémique aide à poser des mots, comprendre les mécanismes de « projection » et prévenir la récidive. Demander de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse, c’est un acte de protection mutuelle, autant pour la personne qui vit la grossesse nerveuse que pour la relation qui la porte.
Traitements et suivi, psychothérapie et options médicales
Thérapies cognitives et systémiques
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) reste la prise en charge de référence. Elle aide la patiente à identifier les pensées automatiques qui entretiennent la conviction d’être enceinte, à les confronter à la réalité médicale et à apprivoiser les sensations corporelles qui la déstabilisent. En moyenne, 8 à 12 séances individuelles suffisent à faire disparaître les symptômes dans plus de huit cas sur dix selon les séries cliniques citées par IVI et Qare.
L’approche systémique et la thérapie de couple s’avèrent précieuses quand la grossesse nerveuse provoque tensions et incompréhensions. Le thérapeute reçoit les deux partenaires, explore la place du désir d’enfant dans l’histoire familiale, met en lumière les loyautés invisibles, puis propose des exercices de communication pour restaurer la confiance. Cette démarche réduit le risque de récidive et protège le projet parental commun.
Médicaments possibles en cas d’anxiété majeure
Lorsque la patiente présente crises d’angoisse, insomnie ou idées noires, le psychiatre peut compléter la psychothérapie par un traitement médicamenteux transitoire :
- ISRS (sertraline, escitalopram) pour stabiliser l’humeur et réduire l’anxiété en continu.
- Benzodiazépines à courte durée d’action, prescrites sur quelques semaines, pour gérer les pics d’angoisse.
- Dans de rares situations, un antipsychotique léger (aripiprazole faible dose) peut aider à lever une croyance délirante persistante.
La prescription se fait toujours après vérification biologique (bilan thyroïde et prolactine) et un suivi rapproché : consultation toutes les deux à quatre semaines au début, ajustement des doses, puis sevrage progressif dès que le niveau d’anxiété le permet. Les médicaments ne traitent pas la pseudocyesis elle-même, ils créent la fenêtre de sérénité nécessaire au travail psychothérapeutique.
Rôle des groupes de parole et des associations
Sortir de l’isolement accélère souvent la guérison. Les groupes de parole animés par des psychologues ou des sages-femmes permettent aux femmes de raconter leur expérience sans jugement, de partager leurs stratégies pour gérer la pression familiale et de constater qu’elles ne sont pas seules. Le partenaire peut y assister sur certaines séances, ce qui ouvre un espace d’écoute bilatéral.
Côté associatif, plusieurs réseaux proposent des permanences gratuites :
- Collectif BAMP ! et Maïa pour le soutien autour de l’infertilité.
- Les Pâtes au Beurre pour l’accompagnement périnatal et parental.
- Violences Femmes Info 3919 si la grossesse nerveuse survient dans un contexte de pression conjugale.
Ces structures orientent vers des professionnels formés, diffusent des brochures claires pour le couple et offrent parfois des ateliers « après-coup » qui aident à reconstruire un projet de parentalité réaliste, avec ou sans grossesse future.
Prévenir les récidives et protéger la relation
Gestion du désir d’enfant après un épisode
Le taux de récidive se situe entre 8 et 10 pour cent, surtout quand le désir d’enfant reste brûlant et que le couple reprend le même schéma sans filet de sécurité. La première étape consiste à faire une pause symbolique : une consultation post-crise avec la gynécologue, le ou la psychologue et, si possible, les deux partenaires. On y dresse le bilan des émotions ressenties, on valide la santé physique, on identifie les déclencheurs (stress familial, calendrier menstruel obsédant, réseaux sociaux envahissants) puis on rédige un « contrat relationnel » : qui alerte qui, à quel moment, et quelles ressources appeler si l’anxiété grimpe.
Pour limiter la pression, les spécialistes recommandent souvent une contraception temporaire claire, choisie à deux. Ce « sas » de trois à six cycles coupe court aux interprétations de symptômes et réinstalle la sexualité du plaisir avant celle de la performance. Parallèlement, un travail de psychothérapie de couple ou systémique aide à transformer la question « quand un bébé ? » en « comment allons-nous, ici et maintenant ? ». Carnet d’émotions partagé, rituels hebdomadaires sans écran, séance mindfulness à deux : chaque outil vise à relier, plutôt qu’à compter les jours d’ovulation.
Préparer un parcours PMA ou adoption sereinement
Entrer en PMA ou amorcer un dossier d’adoption mobilise la même énergie qu’un marathon médiatique et administratif. Pour éviter qu’un nouveau stress ne ravive les mécanismes d’une grossesse nerveuse, plusieurs garde-fous existent :
- Briefing médical commun : première consultation dans un centre de fertilité, les deux partenaires présents, bloc-notes ouvert. L’objectif est de comprendre les examens, les taux de réussite et le calendrier, pas d’obtenir une promesse.
- Soutien psychologique intégré : la plupart des centres proposent une cellule d’écoute. S’y rendre avant les premiers traitements diminue de 40 pour cent l’abandon en cours de parcours, selon la Fédération française de fertilité.
- Budget émotionnel : planifier des créneaux « off PMA » où il est interdit de parler d’hormones ou de gamètes. Week-end improvisé, cours de salsa, randonnée sans smartphone : tout est bon pour faire exister le couple hors laboratoire.
Pour l’adoption, la préparation diffère mais le principe reste la transparence. L’agrément délivré par le département exige des entretiens socio-psychologiques. Les experts invitent à poser clairement son vécu de grossesse nerveuse : la démarche est perçue comme un signe de maturité, pas de fragilité. Rejoindre un groupe de soutien d’adoptants en cours de procédure aide à réguler l’attente, souvent longue, et à mutualiser les astuces administratives.
Dans les deux parcours, conserver un projet parental partagé protège la relation : choisir ensemble les médecins, valider chaque étape, célébrer les petites victoires. L’enfant à venir, quel que soit le chemin, sera d’autant plus attendu que le couple aura appris à se protéger mutuellement des tempêtes psychiques.
FAQ grossesse fantôme, réponses express
Peut-on avoir un test positif
Le test de grossesse urinaire recherche l’hormone HCG. Or, lors d’une grossesse nerveuse, cette hormone n’est pas sécrétée : le résultat doit rester négatif. Les rares « faux positifs » relevés dans les forums sont généralement liés à une lecture tardive du test (ligne d’évaporation), à une bandelette périmée ou à certains traitements de fertilité contenant de l’HCG. Dès qu’un test affiche deux barres, on parle d’abord de grossesse biologique et on confirme par prise de sang puis échographie. Un vrai positif exclut la grossesse fantôme.
Combien de temps durent les symptômes
Les études cliniques rassemblées par plusieurs centres européens situent la durée moyenne de l’épisode entre quatre et six semaines. Près d’un cas sur huit se prolonge au-delà de trois mois, surtout lorsque l’entourage n’ose pas remettre en question la croyance ou que la patiente retarde la consultation. Les signes (aménorrhée, nausées, sensation de « mouvements ») régressent progressivement après l’annonce du diagnostic et la mise en route d’un suivi psychothérapeutique. Une prise en charge rapide écourte nettement la période de symptômes.
Grossesse nerveuse chez l’homme, couvade
On parle plutôt de syndrome de couvade : le partenaire masculin développe des manifestations physiques et émotionnelles qui « miment » la grossesse de sa compagne (prise de poids, reflux, fatigue, anxiété). Contrairement à la pseudocyesis féminine, il sait qu’il n’attend pas d’enfant, mais son corps réagit par empathie, stress ou identification. Les mécanismes hormonaux restent discutés ; une élévation de prolactine et une baisse de testostérone ont été décrites dans quelques études. La couvade disparaît généralement après la naissance, sans traitement particulier, mais un accompagnement de couple peut prévenir les tensions et aider chacun à trouver sa place de futur parent.
Ressources et numéros d’aide pour couples
Associations d’infertilité et lignes d’écoute
Quand le diagnostic de grossesse nerveuse ou d’infertilité tombe, disposer d’une oreille extérieure et bienveillante allège la charge émotionnelle. Plusieurs organisations proposent un soutien gratuit et confidentiel.
- Association Maïa (maia-asso.org), créée par et pour les couples infertiles, permanence téléphonique au 06 95 29 01 62, groupes de parole mensuels partout en France.
- Collectif BAMP ! (bamp.fr), réseau d’entraide et d’information sur la PMA, ligne 09 54 76 82 45, forums modérés et rencontres régionales.
- Réseau Fertilité France (reseau-fertilite.fr), plateforme pour orienter vers les centres spécialistes, tchat en direct du lundi au vendredi.
- Le Planning familial 0 800 08 11 11 (anonyme, 9 h-20 h), conseils santé sexuelle, contraception, pression familiale ou conjugale.
- SOS Amitié 09 72 39 40 50, écoute 24 h/24 pour toute détresse psychologique liée à l’attente d’un enfant.
- Numéro national 31 14, prévention du suicide, utile en cas de crise aiguë ou d’idées noires.
- Violences Femmes Info 39 19, accueil 24 h/24 si la grossesse fantôme se déroule dans un contexte de violences conjugales.
Lectures recommandées pour aller plus loin
Ces ouvrages et formats audio éclairent le phénomène sous différents angles, du vécu intime au regard clinique.
- Le désir d’enfant, Pr René Frydman, Odile Jacob, panorama des causes d’infertilité et pistes thérapeutiques.
- Grossesse fantôme, le corps en miroir, Dr Claire Barraud, Presses universitaires, décryptage psychologique du pseudocyesis et études de cas.
- Vivre l’infertilité : comprendre, dialoguer, rebondir, Caroline Ledermann, First éditions, témoignages de couples et exercices pratiques.
- La psychologie de la femme enceinte, Sylvain Missonnier, Editions Denoël, chapitre dédié aux grossesses imaginaires et au couple.
- Podcast « Les voies de la parentalité », épisodes 12 et 13, entretien avec une psychologue périnatale sur l’annonce du diagnostic et la protection du lien conjugal.
Ces ressources ne remplacent pas un suivi professionnel mais offrent des repères concrets pour avancer ensemble et préserver le projet de vie à deux.
Une grossesse nerveuse bouleverse la femme et son couple, entre corps persuadé et examens négatifs, d’où l’enjeu d’un dépistage rapide et d’un soutien conjoint pour éviter l’isolement et la rupture du projet parental. Offrir une écoute partagée, mobiliser psychothérapeutes, associations et gestes apaisants au quotidien restaure le lien autant que la santé. Reste une interrogation collective : si près d’un couple sur deux signale des tensions dès les premiers doutes, quel regard notre société portera-t-elle demain sur le désir d’enfant pour qu’il cesse de devenir un facteur de pression ?